Le mérou brun va-t-il encore changer de nom ?

Vous vous en souvenez peut-être, il y a une vingtaine d’années le mérou brun avait changé de nom. De Epinephelus guaza, il était devenu Epinephelus marginatus. Cette évolution avait été suggérée, et adoptée, pour des raisons de taxinomie (la science qui nomme les espèces). Pour simplifier, il s’agissait d’utiliser le nom le plus ancien donné avec justesse à un mérou (vrai) brun (et pas à une espèce qui lui ressemble).

La systématique est depuis cette période en perpétuelle évolution. L’identification d’une espèce ne se fait plus uniquement sur des critères anatomiques ou morphologiques, mais bénéficie maintenant des apports de la génétique. Il ne s’agit pas de renier complètement les apports de la morphologie ou de l’anatomie, mais de préciser, vérifier, les filiations, les liens entre espèces. Les mérous n’ont pas échappé pas à cette vérification.

Dans la dernière revue sur la phylogénie des mérous (Ma et al. 2016), notre E. marginatus ressort à côté des nombreuses espèces du genre Mycteroperca. Ce n’est pas une réelle surprise dans le monde des systématiciens car plusieurs études précédentes l’avaient montré. Cette fois-ci, compte tenu de l’importance de l’échantillonnage réalisé, cela devient assez évident. Même si les auteurs ne préconisent aucun changement de nom, ils prennent acte. Il est donc vraisemblable que le mérou brun (marginatus) soit plus proche du genre Mycteroperca que du genre Epinephelus. Il devrait donc maintenant s’appeler Mycteroperca marginatus.

Lors de la dernière réunion du groupe de spécialistes des mérous de l’IUCN (voir la nouvelle précédente), cela a été pris en compte. Le mérou brun n’est pas le seul à passer dans le genre Mycteroperca : le mérou dent de chien (M. caninus) et la badèche (M. costae) changent également de nom. Par contre, le mérou blanc (E. aeneus) reste dans le genre Epinephelus.